Qu’est-ce que se tenir ? Qui y a-t-il à tenir ? Qui tient ? Qui est tenu ? Pourquoi se tenir « bien » ? Comment s’y prendre ? À partir de quel constat, de quelle observation de soi, de son corps ? Quelle sensation, quelle perception de notre corps avons-nous ? Qui y a-t-il à redresser ? Et pourquoi ? Quid de notre posture, de notre attitude ? Que recherchons nous ? Bien se tenir pour bien présenter au regard des autres ou pour mieux se sentir, être dans une sensation d’aise ? Mon corps, j’y suis attentif pour son aspect extérieur ou le vécu intérieur ?

Sentons nous un besoin de modifier quelque chose ? Faisons un petit exercice. Quelles parties de notre corps sentons nous ? Les pieds, la tête, le bassin, la poitrine, le ventre… Le sol ou la chaise où nous sommes posés. L’air qui nous entoure. Pouvons nous visualiser une verticale, qui nous traverse du sol au ciel, reliant nos pieds, notre tête et passant au cœur de notre corps ? Bougeons et basculons un peu notre bassin en avant, en arrière et sentons la répercussion dans le dos, le ventre, le thorax, la tête. Tentons d’aligner de manière souple ces différentes régions, ces différents points.

Sentons nous, visualisons nous dans l’espace qui nous environne.Tentons de voir, écouter, sentir, goûter, toucher ce qui se passe en nous. Se laisser porter. Se sentir en dedans. Se laisser respirer et respirer librement. Tout cela est possible et naturel. Sentons comment la respiration, le souffle sont présents dans le corps et aident à ce redressement. Accueillons une respiration libre, plus ample, une sensation de circulation plus fluide de l’énergie.

Observons le besoin de relâchement, de détente, de repos. Comment se comporte notre corps, notre colonne vertébrale, notre respiration quand nous prenons le temps de ne rien faire. À quelle tension musculaire mon corps est soumis ? Comment et où suis je posé ? Quelles parties de mon corps sont en contact avec le support ? Mes pieds, mon bassin, ma colonne vertébrale ? Quelles parties des pieds, du bassin et la colonne vertébrale ? Observer, rencontrer la souplesse ou la rigidité de notre colonne. Est ce confortable de la laisser s’assouplir, de laisser le tronc et la tête aller vers le bas, advient il un moment où notre respiration se modifie, où nous sentons le besoin de poursuivre dans cette direction ou de nous redresser ? Sommes nous entrainé dans le sommeil ? Que se passe-t-il si nous laissons aller notre corps ? Et observons ce qui se passe en nous ; les sensations que nous avons, les idées qui nous traversent l’esprit. Est-il plus aisé dans cet état d’avoir des informations de notre corps ?

Notre colonne vertébrale ; il n’est facile de la sentir. Cela s’entraine. Imaginons que notre colonne vertébrale se comporte aussi comme un ressort. Nos appuis au sol par nos pieds sont ils équilibrés ? L’appui au sol est–il sur les talons, sur les orteils ? Comment nos voûtes plantaires sont elles en contact avec le sol ? Sentons notre bassin et ses contacts avec l’appui. Laissons nos bras, nos mains, nos épaules se relâcher. Soyons attentif à ne pas serrer les dents et sentons nos lèvres et les muscles de notre visage. Observons les sensations et mouvements respiratoires dans le ventre et si possible dans l’espace du bassin. Appréciez l’aise que vous procure ce repos. Puis je me laisser aller vers le sol sans m’effondrer, m’écrouler, sans partir uniquement en avant, ou en arrière, ou sur un seul côté ? Laissez toute la masse de votre corps aller vers votre bassin et vos pieds. Sentez vous et laissez vous respirer. Appréciez à nouveau et goûtez en vous cet état de détente.

Puis, cherchez et trouvez ce qui peut vous aider à vous redresser. Cherchons à redresser la poitrine puis la tête en mobilisant vers l’avant le bassin et la colonne lombaire sans mettre de force dans le dos, le cou, les épaules et les mâchoires. Cela est il facilité en inspirant doucement et profondément et en appuyant vos pieds au sol ? Redressez vous sans jamais perdre le contact avec le sol et/ou l'appui du bassin ( les ischions) sur le siège, la sensation de votre respiration, la douceur, le confort que vous à procurer ce relâchement. Maintenant, observons l’équilibre entre le relâchement et le redressement, entre les forces qui nous entrainent en bas et les forces qui nous tiennent en haut. Comment maintenons nous nôtre tête ? Quelle est la direction de votre regard ? D’abord, acceptons de relâcher notre effort pour nous tenir. Peut-être avez vous senti dans la position de relâchement vers le bas, à un moment, le besoin de vous redressez. Cette posture de relâchement nous permet aisément d’entrer en contact avec l’intérieur de notre corps, avec notre intériorité.

La juste posture n’est-elle pas celle qu’il est aisé de tenir tout en étant bien ouvert et éveillé, en équilibre, relié au monde, axé, orienté… Notre posture est le témoin de notre présence au monde. Présence à l’espace nous environnant, avec le ciel au dessus de notre tête, la terre sous nos pieds qui nous porte, nous nourrit, et l’espace environnant où humains, animaux et végétaux habitent ce monde. Mais aussi présence à l’espace intérieur, le logis de notre esprit, de notre âme et tout ce que nous y vivons, y percevons, y ressentons.

Ainsi, bien se tenir, se « tenir droit », au regard de cette expérience, de ces perceptions, avec cette conscience à éveiller des forces qui nous traversent - les force de gravité et les forces de légèreté – prend une autre qualité, exprime une autre présence, tant à soi qu’au monde.


Pour aller plus loin :

Neuro-physiologiquement, ce qui permet à l’homme de se tenir droit sont les yeux, les oreilles et les pieds. L’écoute et la posture sont liées. L’écoute, le regard, la position des yeux, des oreilles ont une influence importante sur la posture. La ligne de gravité ; oui, il s’agit, là, d’une droite, mais virtuelle et à imaginer en dedans de notre corps. C’est un axe virtuel à construire en conscience reliant le ciel et la terre et traversant en dedans tout notre corps du sommet de la tête à la plante des pieds et qui passe au fond de notre gorge, au cœur de notre poitrine et de notre ventre, sort du tronc, du petit bassin au périnée en avant de l’anus et en arrière des organes génitaux ; et tel un fil à plomb descend entre nos jambes puis nos chevilles et rencontre le sol entre nos deux pieds. (Notre tenue, debout ou assise est certes différente. Pourtant, penser à se tenir debout comme quand on est assis et assis comme quand on est debout, peut nous aider à trouver une posture idoine.)

Il s’agit également de faire l’expérience de la gravité ; sentir son corps qui tombe et la réaction du sol. Sentir l’assise, le dossier et le sol qui nous soutiennent et recueillent cette masse de notre corps. Où se dirige naturellement notre corps quand nous ne faisons aucun effort pour le tenir ? Soyons attentif à sentir l’espace autour de notre corps et notre respiration à l’intérieur de notre corps. Et laissons le réflexe de redressement doucement agir. Alors maintenant installons dans cet espace respirant de notre corps cette ligne, cette verticale et cherchons à la maintenir en équilibre. Pour cela imaginons que cette droite ligne se prolonge au delà de nous profondément dans le sol et loin dans le ciel.

La verticalité est un axe intérieur à créer en soi. Se « tenir droit », ne serait ce pas, alors, maintenir en nous présent cette ligne, cet axe. Percevoir cet axe est corrélatif de la perception de l’espace environnant. Cette tenue est aisée et vitalisante tant que notre respiration demeure consciente et libre.Dans cette attention la colonne peut s’ériger et s’étirer avec douceur, le thorax s’ouvrir, le ventre être présent, la tête simplement en équilibre comme suspendue par un fil au ciel. Ainsi se tenir droit est plus une aide qu’une contrainte et nous permet de demeurer centré, ouvert et présent à ce qui nous entoure et nous rend disponible à ce que nous avons à vivre.

Il y a également un lien entre vigilance et attitude corporelle. Ainsi il a été dit qu’ « une posture attentive sollicite l’éveil postural propice à la stimulation intellectuelle et surtout l’éclosion de la conscience ».


Rencontrer en soi la capacité à se tenir debout seul, se redresser, dans sa posture d’éveil, d’ouverture sont en relation avec le développement de la confiance en soi et l’aptitude à modifier nos attitudes. Cette posture érigée, « droite », est une attitude d’éveil, d’écoute, de disponibilité.